« T’es de la U ou du Colo ? ». Juste après  « Comment ça va ? », c’est sûrement la question que nous avons le plus entendu au Chili. Il n’y a pas d’alternative, il faut supporter l’un des deux clubs de football de la ville de Santiago : l’équipe de l’Université du Chili (la « U ») ou le Colo-Colo. Il y a donc les droitiers et les gauchers, les enfants et les adultes, les gentils et les méchants, les supporters de la U et ceux du Colo. Par commodité, nous avons choisi « d’être » du Colo, ce qui nous vaut des grands sourires ou des regards rébrobateurs en fonction de nos interlocuteurs.

Dans un pays aussi marqué par la culture du foot, le « Mundial » prend toute la place et anime toutes les discussions. Chacun commente les exploits de la Roja (« la Rouge », l’équipe nationale ainsi nommée à cause de la couleur de son maillot) et de ses héros : Alexis Sanchez, Valdivia, Beauséjour (se prononce « Bosséyoul »). En fait, c’est tout le pays qui vit au rythme de la Coupe du monde. Quelques anecdotes pour s’en rendre compte*.

-          Vendredi 13 juin, il est 9h du matin et la Roja joue à 18h. Nous croisons quelques voisins dans la rue, les saluons et leur demandons ce qu’ils ont prévu pour la journée qui commence : « Aujourd’hui on ne fait rien : on attend le match. »

-          Pour le deuxième match du Chili, contre l’Espagne, c’est l’euphorie générale. Nous allons voir ce match dans une famille amie : toute la maison a été décorée aux couleurs de l’équipe du Chili : un drapeau a été glissé sous la télé, chacun porte un chapeau rouge-blanc-bleu, un sifflet dans la bouche et une serviette en papier avec le drapeau chilien a la main.

-           La Roja joue à 15h, plusieurs écoles du quartier ferment leurs portes à midi (voire 11h !) pour que les professeurs puissent voir le match. Dans une crèche, l’équipe pédagogique a demandé que les enfants viennent avec un drapeau du Chili pour que les enfants, maquillés au couleurs du Chili, regardent le match ensemble. Une école a même adressé un mot aux parents demandant que les enfants apportent des chips pour regarder le match, expliquant « les objectifs pédagogiques de l’activité » ! A savoir : l’esprit d’équipe, la fraternité, etc. Hum, hum… !

-          Pendant tout le match, aucun bus ne circule, la vie est comme suspendue. Plusieurs amis nous racontent que les entreprises ont accordé une demi-journée de congés à tous les employés pour qu’ils puissent voir le match en famille, ou alors qu’un écran a été installé dans les bureaux.

-          Une maman que nous connaissons bien a amené son bébé à un rendez-vous médical à l’hôpital pendant le match. Elle était la seule patiente (alors qu’habituellement, il y a une file d’attente de 3h !) et le médecin qui a ausculté le bébé était le seul qui travaillait dans tout l’hôpital, les couloirs étaient déserts. Stupeur des amis avec qui nous sommes quand elle nous raconte cela : « Mais le médecin, il devait être péruvien pour ne pas regarder le match, non ? ».

-          Le coup de sifflet final de Chili-Espagne qualifie le Chili pour les 8^e de Finales en même temps qu’il élimine les espagnols, champions du monde en titre. Alors que les rues étaient vides, la grande avenue devant chez nous se remplit en un clin d’œil d’une foule de gens qui courent, hurle, chante et souffle dans des trompettes, drapeaux à la main et maillot chilien sur les épaules.

On a hâte de voir ce que cela va donner pour la suite ! De l’avis général, le Chili va l’emporter sur les Pays-Bas dans le match qui les oppose dans quelques heures, par au moins deux buts d’écart !

Comme on le dit ici, CHICHICHI, LELELE, VIVA CHILE !

*Nous ajouterons d’autres anecdotes au fur et à mesure des exploits de la Roja.