Depuis notre arrivée, nous vous parlons beaucoup de la générosité incroyable des habitants de notre quartier ‘Le Rodéo’ (qui se situe plus globalement dans ‘La Pincoya’), et chaque jour qui passe nous le prouve davantage. Aujourd’hui, l’heure est venue de vous partager quelques-unes des grandes pauvretés que nous découvrons et que nous apprivoisons peu à peu.
Le quartier dans lequel nous habitons fait partie de ceux qui ont mauvaise réputation avec notamment la drogue, l’alcool, la violence, les gangs. Mais nous ne nous sommes jamais sentis en insécurité, et de jour, le quartier paraît plutôt paisible et tranquille.
Un point sensible est l’accès à la santé. Depuis notre arrivée, nous sommes frappés par le nombre de personnes malades dans les maisons que nous visitons. Nous commençons à comprendre pourquoi. Le système de santé public est très peu développé, et les soins dans les établissements privés sont très onéreux. En revanche, il y a un système de santé gratuit pour ceux qui n’ont aucune ressource. Chacun dépend du ‘consulturio’ (sorte d’hôpital public) de la zone géographique dans laquelle il habite. Hors, dans notre quartier, il faut arriver à 6h du matin afin d’avoir un ticket pour espérer avoir un rendez-vous dans la journée, puis attendre 1, 2, 3, 4, 5 h que le seul unique médecin de l’hôpital nous prenne en rendez-vous pour, finalement, recevoir du doliprane. C’est à peine exagéré. Finalement, les gens préfèrent rester chez eux, sans être soignés…
Concernant l’éducation, nous observons -comme en France- à quel point la télévision et les jeux vidéos font des ravages. Les enfants passent leur journée devant, quand ils ne sont pas dans la rue… De nombreuses femmes sont également maman dès 15 ans et se retrouvent à la fois adolescente et mère, avec beaucoup (trop ?) de responsabilités. Alors, les activités que nous proposons ne sont pas de trop, et nous savons qu’il y a beaucoup à faire dans ce domaine…
Cette société consommatrice, est également révélée par un développement incroyable des crédits ! Par exemple, quand nous faisons des courses alimentaires, dès 5€, on nous demande ‘avec ou sans crédit ?’ Incroyable mais vrai.
La méfiance et le sentiment de solitude rongent également ces personnes. Beaucoup de gens vivent ici depuis 15, 30, 40 ans, tout le monde se connaît, et tout se sait. Ainsi, personne n’ose se confier, tout le monde garde pour soi ses difficultés, sans pouvoir compter sur aucune amitié. Combien de personnes nous ont partagées la joie de pouvoir simplement être écoutées.
Nous pourrions développer de nombreux exemples dont le nombre de poubelles qui jonchent les rues et les places ; ‘le tri’ paraît être un mot inconnu et incompréhensible ici. Ou encore, la calèche utilisé comme moyen de transport fréquent (à côté des gros 4×4 des quartiers voisins). Enfin, l’habitat multi-générationnel : 3 ou 4 générations habitent souvent dans une seule et même maison.
Pour autant, il y a de vraies raisons d’espérer : les rencontres que nous faisons nous prouvent que nos voisins ont soif de vivre quelque chose de plus beau et plus grand, la municipalité cherche à développer les aspects culturels dans cette zone, la paroisse veut redynamiser la chapelle construite près de chez nous par Aide à l’Eglise en Détresse, etc.
L’Espérance ne déçoit pas !